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Camille Galoyer
Paris | Camille Galoyer

"Lorsque que quelqu’un observe ta collection, il doit te reconnaître, et identifier ton ADN créatif. Je ne me lance pas après avoir trouvé un thème en particulier. Je fonctionne un peu à l’envers, plutôt par sentiment, par envie. Je vais avoir envie de créer des vêtements ayant une couleur particulière, et je trouverai mon thème en fonction de ça."

Peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Camille, je suis une jeune créatrice sortie de Esmod en 2019. Je travaille actuellement à Paris, chez Gauchère, une marque de prêt-à-porter de luxe. Ma marque s’intitule tout simplement : Camille Galoyer.

Comment en es-tu arrivée à t’intéresser à la mode ?

Je viens de la campagne profonde, et je me suis orientée vers un bac S, ce qui n’a rien à voir avec cet univers. C’est au départ ma grande sœur qui m’a influencé par sa qualité de dessin, et le fait qu’elle soit très intéressée par les nouvelles tendances. Inconsciemment, son talent m’inspirait. Après mon bac, j’ai dit à mes parents que mon choix se porterait vers la mode, et que je ne ferais rien d’autre.

3 mots pour qualifier ta dernière collection ?

Militaire, unisexe, et minimaliste. J’aime jouer sur des vêtements bien réalisés, en y ajoutant des petits détails qui feront la différence. Pour cette collection, je me suis inspirée d’une femme née en 1908, Annemarie Schwarzenbach. C’était une personne très polyvalente et émancipée pour son temps car elle endossait le rôle de journaliste, écrivaine, et photographe. Elle a fait de nombreux voyages, notamment un en Afghanistan, où ses photos m’ont totalement inspiré, comme vous pouvez le voir sur ma page Instagram

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Bâmiyân, Afghanistan par Annemarie Schwarzenbach, 1939
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Annemarie Schwarzenbach, 1939

J’ai voulu ajouter un esprit militaire aux tenues typiques afghanes photographiées durant ses aventures. Elle cultivait un style androgyne que j’ai voulu intégrer à la collection, ce qui m’a aidé, par la suite, à me diriger vers un univers unisexe. Je ne me voyais pas créer une collection Homme, car ma créativité ne s’orientait pas à ce moment là, vers cet univers. J’avais plus cette idée de transposer le vestiaire masculin sur la femme.

Quelles sont les étapes essentielles lorsque tu te lances dans un projet ?

Dans la mode, et même dans l’art de manière générale, je pense que pour se lancer dans un projet, il faut d’abord se poser et réussir à identifier la personne que nous sommes et ce que l’on veut vraiment dévoiler de nous. Lorsque que quelqu’un observe ta collection, il doit te reconnaître, et identifier ton ADN créatif. Je ne me lance pas après avoir trouvé un thème en particulier, je fonctionne plutôt par sentiment, par envie. Je fonctionne un peu à l’envers. Je vais avoir envie de créer des vêtements ayant une couleur particulière, et je trouverai mon thème en fonction de ça.

Ensuite, je recherche exactement quel type de pièces je veux confectionner. Étant donné que j’affectionne particulièrement les pièces masculines portées par des femmes, les pièces que je choisis sont généralement des chemises, des grosses pièces (blouson, manteau, trench etc), des pantalons. Je choisis par la suite les matières, qui sont généralement pures, afin de déterminer le tombé du vêtement, le volume… Et enfin, je passe à la confection.

Quelle est la pièce favorite de ta collection ?

Le trench, pour le côté « no gender », militaire, et très actuel. On peut détourner le trench à l’infini, ce que j’adore.

Comment communiques-tu ?

Pour l’instant, uniquement sur Instagram. J’essaie de poster le plus régulièrement possible. En ce moment, je publie majoritairement du contenu par rapport à ma collection, mais je pense poster des choses différentes d’ici peu. J’ai également gagné le prix « coup de cœur » de Série Noire, une boutique indépendante située dans le Vieux Lille. Dans quelques semaines, je vais avoir mon corner dans cette boutique le temps d’un événement, et je pourrai y présenter ma marque, mon projet.

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Quels sont tes designers préférés ?

Juun. J, diplômé de ESMOD Séoul en 1992. Il évoque son style comme étant « Street Tailoring ». J’aime également beaucoup Rokh, et Sacai. Les trois utilisent beaucoup le trench dans leurs collections.

Une égérie pour représenter ta marque ?

Je ne pense à personne en particulier, mais j’aimerais une égérie androgyne, comme Annemarie Schwarzenbach, afin de représenter au mieux le côté unisexe de mes vêtements.

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Juun.J
Annemarie Schwarzenbach
Annemarie Schwarzenbach

De quoi es-tu la plus fière ?

Le fait d’être une passionnée qui voulait vraiment faire ce métier, et qui a accompli un rêve. Je ne voulais faire que ce pourquoi j’étais réellement captivée. Mêler passion et métier, c’est la meilleure des réussites. Je suis fière d’avoir réussi alors qu’aucun de mes proches n’a de lien avec la mode, et que je n’avais au départ aucun contact.

La création mode est-elle un art ?

Je ne me considère pas comme une artiste, et je ne considère pas ma collection comme étant de l’art. Par contre, je dirais que la haute couture est effectivement un art. Par exemple, la broderie est un artisanat, et justement le fait d’embellir des pièces en brodant peut transformer une pièce en véritable œuvre d’art.

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Des conseils à donner aux jeunes créateurs qui souhaitent lancer leur marque ?

Accrochez-vous à ce que vous êtes, et restez vous-même. Écoutez les conseils qu’on vous donne, tout en triant les informations. Je pense aussi qu’il est très important d’accepter la critique pour évoluer, et d’être critique envers soi-même.

Photographe: Mehdy Nasser | MUA: Manon Olivier | Models: Delphine Keynen & Ignacio Cascio

Partenariats: Corne & Corozo Réunis (boutons), Stock 38 (Brodequins, chaussures militaires)