"Je m’appelle Sarah Bozon, j’ai 24 ans. Je suis créatrice de la marque GURSHA, une marque expérimentale mêlant tradition africaine et modernité occidentale."
J’ai toujours été intéressée par le milieu artistique. Ça a commencé avec la musique, j’ai évolué treize années au sein d’un conservatoire, mais j’ai rapidement compris que je voulais évoluer dans la mode, car j’ai eu un modèle très jeune. Ma tante a créé la marque Cotélac (prêt à porter haut de gamme avec un positionnement créateur). Je voulais devenir comme elle, alors j’ai fait mes premiers dessins très tôt et j’ai commencé à coudre vers 8-10 ans.
Au lycée, je suis allée en école d’arts appliqués, à La Martinière Diderot de Lyon. J’ai décidé de poursuivre avec un BTS mode beaucoup plus spécialisé au Lycée Sévigné. Récemment, je me suis mise à mon compte en tant que designer styliste et j’ai voulu prendre un peu de temps temps pour travailler sur ma marque. Aujourd’hui, j’ai décidé de reprendre la formation, je suis en Bachelor Management Mode Design Luxe à Isefac.
GURSHA. C’est un clin d’oeil à l’Éthiopie. C’est un mot qui vient de la langue amharique, qui exprime le geste d’une “bouchée”. Gursha est une coutume éthiopienne. Quand tu as un invité, tu lui donnes la première bouchée, et tu déposes la nourriture directement dans sa bouche.
C’est un signe de partage et d’accueil. Ça donne une vision concrète de l’idée du projet, qui est le partage de la vision de cette double culture.
Je suis une personne très visuelle. Je m’inspire beaucoup de ce qui se passe autour de moi, des gens et leur attitude.
L’architecture m’inspire également (effets de matières, associations de couleurs). Je tiens à garder tous les détails auxquels on ne fait pas vraiment attention, et je les réinterprète. Concernant l’architecture, je prends des photos et je les travaille graphiquement sur des logiciels de design.
La mode doit raconter une histoire, défendre une idée, des valeurs. J’aimerais une proximité entre designers et clients. Malheureusement, les vêtements sont souvent réduits à de simples produits de consommation.
Développer Gursha. L’idée serait de nourrir ma marque avec des collabs et de rassembler tout ça autour d’un concept store. Il y a énormément de potentiel en Afrique, et ce concept store serait axé sur l’artisanat africain.
Éclectisme, Multiculturel et Artisanal. Je suis partie pour la première fois en Ethiopie en 2009. La collection s’appelle “L’Origine” car c’est de là que j’ai repéré les tenues sur lesquelles j’allais m’inspirer. Je me suis inspirée d’une tenue traditionnelle qui était portée par les femmes dans les chutes et les gorges du Nil. L’idée était de rendre hommage à ce pays que je ne connais pas très bien, afin de créer des liens avec mes origines.
Le vert domine ma première collection car c’est une couleur très présente en Ethiopie. C’est une couleur symbolique. Elle représente la croissance, la vie. Au niveau des coupes, je m’inspire de ce que portent les locaux. Ils mélangent coupes traditionnelles et coupes occidentales.
J’ai envie de remettre au goût du jour les inspirations africaines.
Oui ! Je compte repartir en Éthiopie pour m’inspirer. Le pays arrive dans une ère de surconsommation du plastique, et c’est devenu une véritable décharge. Je veux travailler sur le comportement des locaux face à la consommation.
Je n’ai voulu vendre aucune pièce de ma toute première collection, je voulais garder une trace malgré l’intérêt de certaines personnes. Par contre, je refaisais les pièces sur mesure quand on me le demandait. Pour la deuxième, je vendrai certains produits directement.
Recho Omondi. C’est une créatrice new-yorkaise d’origine Kenyane. Elle a voulu représenter la culture kenyane dans ses collections. Elle a vite arrêté, elle a boycotté la Fashion-Week car la mentalité autour de la mode ne lui plaisait pas.
Le cubisme, ou l’abstraction de Kandinsky.
Je n’ai pas d’envie particulière. J’aimerais faire poser les personnes importantes pour moi, et qui partagent le concept.
Sinon, je dirais LIYA KEBEDE. C’est une mannequin éthiopienne qui a grandi en France, et qui représente bien la multiculturalité.
Croire en soi et en ses projets, et chercher à se démarquer, à rencontrer et s’enrichir. Et surtout, ne jamais oublier d’avoir beaucoup d’humilité.