OSME blanc
SILOINE 236

LIM SOK

Histoire de la marque

LIM SOK est une marque unisexe dont les collections, inspirées par la culture traditionnelle asiatique ainsi que le Wabi-sabi, dévoilent des pièces limitées et faites mains par la créatrice Tifanny Doche.

Capture d’écran 2019 06 07 à 16.28.55
Tifanny Doche
Paris | LIM SOK

"Chercher la beauté dans l’imperfection. Trouver de l’inspiration dans les fissures, dans les craquements, la boue. Je ne vais pas créer un vêtement considéré comme beau dans notre culture, je veux créer une nouvelle beauté. L’idée n’est pas de mettre en valeur le corps de la personne, mais plutôt pour l’accompagner."

Comment en es-tu arrivée à t'intéresser à la mode ?

C’est assez particulier. Quand j’étais petite, je jouais souvent à un jeu pour enfants dans lequel je dessinais, je créais des calques et les superposais. C’était un délire de gosse mais au fur et à mesure, j’y ai pris goût, et j’ai commencé à dessiner beaucoup de vêtements. Je me suis dirigé vers un bac art, dans lequel j’ai pu étudier la mode, l’architecture, le design d’objet etc. Je me suis ensuite spécialisé dans la mode. J’aime beaucoup m’exprimer, je ne peux pas vivre sans communiquer, sans dire ce que je pense. 

Le meilleur moyen de transmettre mes messages, c’est à travers le vêtement.

Que fais-tu actuellement ?

Je travaille dans une agence d’évènementiel en tant que styliste infographiste. Je crée des tenues pour des évènements ponctuels. Je travaille également en tant que graphiste en Freelance pour une agence qui met en avant les talents parisiens dans l’univers de l’art.

3 mots pour qualifier ta collection ?

Unisexe, fait-main et précieux. Précieux, car je suis dans l’édition limitée. Je suis contre la société de consommation. Je ne veux pas qu’une personne achète ma pièce car elle est à la mode, mais plutôt car elle aime ce que je fais.

D’où viennent tes inspirations pour tes créations ?

Je suis très inspirée par l’Asie. J’aime la culture traditionnelle car j’estime que c’est ce qui représente un pays, c’est son ADN. Je ne voudrais pas faire de l’appropriation culturelle, mais plutôt un hommage à la culture. Lorsque je crée, j’exprime ma vision et mon interprétation par rapport au pays. Je suis chinoise et cambodgienne, et en ce moment je m’inspire beaucoup des ces deux cultures quand je crée. Les deux pays sont très différents, ce qui rend la tâche délicate.

Je suis bouddhiste et je m’inspire également du bouddhisme et de ses valeurs dans mes créations. Je veux qu’il n’y ait aucun filtre entre le client et moi. Quand le client achète, je veux qu’il soit à 100% confiant de son achat. Quand on est bouddhiste, on laisse tomber toute vanité. Lorsque le moine est dans une Pagode, il porte juste son bout de tissu. Il ne dégage pas une prestance par rapport à sa tenue, mais ce sont plutôt ses valeurs, ses pensées, qui dégage une certaine aura. Je préfère voir les gens confiants par rapport à leurs pensées et leurs convictions, que par rapport à la tenue qu’ils portent.

Le vêtement est juste une armure. À l’image du Samuraï, le vêtement est une armure qui te protège, mais il ne doit pas te définir. Il est juste là pour t’accompagner.

1005 2019 0241373964235297732461
1005 2019 0248353964002278356976
1005 2019 0251696964245620661106
1005 2019 0202397964196321452780

Je m’inspire également du Wabi-sabi. C’est un mouvement japonais qui cherche la beauté dans l’imperfection, dans ce qui ne représente pas le « beau » des normes de la société. Je m’en inspire pour trouver de l’inspiration dans les fissures, dans les craquements, la boue. Je ne vais pas forcément créer un vêtement considéré comme beau dans notre culture, je veux créer une nouvelle beauté. C’est pour cela que je ne fais jamais de vêtements « près du corps ».

Je ne suis pas là pour mettre en valeur le corps de la personne, mais plutôt pour l’accompagner. Je recherche plutôt la beauté fonctionnelle, plutôt que physique.

Pour vous donner un exemple, si je veux avoir de la place pour mettre des objets, je ne suis pas obligée d’avoir un sac, car je peux très bien avoir des poches sur mes vêtements. Les poches des vêtements pour femmes sont plus petites que celles des hommes, car pour le créateur lambda, une femme doit avoir un sac à main. La femme qui portera mes vêtements n’aura pas besoin de sac à main. Mon vêtement sera pur, simple, et utile.

Que fais-tu aujourd’hui pour te faire connaître ? Comment communiques-tu ?

Je participe à des concours, je fais des défilés, et je communique beaucoup sur Instagram. Quand je lance une collection, je crée une vidéo. La vidéo est un moyen d’animer le vêtement, et de plonger dans l’univers de la collection.

Quels sont tes futurs projets ?

J’ai une troisième collection en cours. Pour l’instant, je ne définis pas mes collections par saison. Je lance une collection car j’en ai besoin. Un artiste va faire plein de dessins avant de trouver le dessin parfait. De mon côté, j’ai besoin de créer ma collection pour trouver ce qui me correspond. C’est mon moyen d’expression. J’ai besoin de m’exprimer, alors je crée une collection.

Quel est ton rêve ?

Avoir ma marque, mais dans un premier temps, créer de l’emploi dans des métiers indispensables à la création (graphistes, motion design, premières mains, couturiers etc). Ce serait gratifiant de me dire que je fais ce que j’aime, tout en créant de l’emploi.

Si tu étais un film, lequel serais-tu ?

La Déchirure. C’est un film qui parle du génocide cambodgien. Les Khmers rouges ont voulu renverser le pays, et en être à la tête. C’est une grosse partie de mon histoire, mes parents l’ont vécu. Ce film m’inspire beaucoup d’un point de vue vestimentaire.

De quoi es-tu la plus fière ?

Je suis fière de pouvoir faire réagir, et de voir les gens ressentir des choses lorsque je crée. Lorsque j’échange avec certaines personnes, même si mes collections ne correspondent pas à leur univers, elles sont tout de même touchées par l’histoire. Je ressens une réaction. Je trouve ça encore plus intéressant de voir une personne ne pas aimer ce que je fais, car c’est constructif.

Considères-tu la création mode comme un art ?

Non. Je n’ai pas la prétention de dire que je suis une artiste. Je veux simplement créer des vêtements pour la vie de tous les jours. Pour moi, un vrai artiste possède un don. Un peintre aura certes pris des cours, mais il aura une vision innée. C’est la même chose concernant l’oreille musicale, cela ne s’apprend pas. Je ne me considère pas artiste, car j’ai appris. De plus, en tant que bouddhiste, je ne peux pas avoir cette prétention.

Mes créations seront précieuses uniquement car elles serviront d’héritage, qui se transmettra de génération en génération.

SILOINE 266 e1559919894994
SILOINE 3 833 V2 e1559919189389