"Je dirais que j’ai deux sources principales d’inspirations : la rue, ou plutôt mon environnement, et le graphisme. J’ai toujours créé des collections ou du moins bossé sur des projets qui s'inspirent de la rue, de ces quartiers où j’ai pu évoluer, de l’énergie et de la liberté qui s’en dégagent, de la dégaine des personnes qui y vivent."
Je m’appelle Marie Laverriere, j’ai 28 ans. J’ai commencé par une formation en graphisme, que j’ai stoppé en cours de route. Puis, j’ai fait un Bachelor en Stylisme de mode. J’ai ensuite travaillé pendant un an comme Designer Footwear chez Le Coq Sportif, et j’ai repris mes études pour un Master de Mode à l’Atelier Chardon Savard de Paris. Aujourd’hui, je travaille depuis presque un an en tant que styliste pour la marque Caval.
D’abord, par le dessin. C’est un peu cliché, mais gosse, j’aimais dessiner donc je dessinais pas mal de vêtements. Après avoir stoppé mes études de graphisme, j’ai pris une année sabbatique où j’ai un peu erré de petits boulots en petits boulots. J’avais clairement du temps pour moi, que j’ai passé à écumer Paris et surtout tous les shops que je croisais. C’est là que j’ai eu le déclic, je me suis dit : “ok, c’est des vêtements que je veux faire.”
Pendant mes études, on m’a surtout donné des outils techniques purs et durs. Mais j’ai aussi appris à transmettre une idée, un concept via des images. Je pense que c’est pour ça que mes pièces sont très visuelles. J’espère réussir à faire en sorte qu’on capte le mood de la collection très vite. C’est aussi pour ça que je reprends parfois des codes très clairs, par exemple, les maillots de foot.
Ma marque s’appelle 9303. C’est d’abord une petite dédicace à mon année de naissance, 1993, et à celle de ma sœur, 2003.
C’est aussi un petit big up au 93, où j’ai grandi.
Je dirais peut-être l’utilisation de la couleur. J’ai toujours utilisé des couleurs très vives, dans chacun de mes projets. Et puis, j’ai toujours fait des vêtements pas vraiment subtils, plutôt badass et imposants, par la forme, par le motif ou par la couleur.
Je veux que les gens qui portent mes vêtements se sentent prêts à tout, presque invincibles, que ça leur donne confiance en eux. Je veux aussi que ça leur donne envie de s’approprier leur environnement, je veux qu’ils aient envie de prendre toute la place, chez eux ou dans la rue, partout.
Je dirais que j’ai deux sources principales d’inspiration : la rue, ou plutôt mon environnement, et le graphisme. J’ai toujours créé des collections ou du moins bossé sur des projets qui s’inspirent de la rue, de ces quartiers où j’ai pu évoluer, de l’énergie et de la liberté qui s’en dégagent, de la dégaine des personnes qui y vivent. Dans ça, j’impulse des éléments très graphiques, dont je tire l’inspiration de la petite collection de fanzines/livres/images que j’ai accumulés au fil des années.
Quand je commence un projet, j’ai besoin d’accumuler en amont pas mal de références, de visuels, de textures. Au début, je ne me fixe pas de limite. Honnêtement, c’est assez incompréhensible et bordélique. C’est ensuite que je digère les informations, que je fais du tri et que je construis une histoire. Souvent, mes collections parlent de personnages. Elles font le portrait de quelqu’un, alors je vais réfléchir à toutes les habitudes/traits de caractère qui pourraient constituer cette ou ces personnes.
Parfois inconsciemment ou non, mais oui, il s’agit en général de personnes de mon entourage. Pas forcément des personnes proches, ça peut être aussi des voisins, des gens de mon quartier ou avec qui je bosse. J’ai toujours dans mon entourage une muse bien réelle en quelque sorte.
L’ensemble en patchwork de maillots de foot, sans hésiter. D’abord, parce que le processus tout entier était cool : j’ai d’abord été les chiner à droite à gauche, ensuite je les ai réduits en morceaux, pour reconstruire quelque chose. Et ensuite, parce que visuellement, ce sont les pièces les plus saturées et j’aime assez surcharger mes vêtements d’informations. J’aime quand c’est peu subtil et visuellement très impactant. Pour rire, je dis souvent que les pièces font mal aux yeux. C’est un peu une signature sous couvert d’une blague.
Je compte évidemment continuer à faire connaître 9303, notamment en m’associant avec quelqu’un de mon entourage pour en faire un projet plus global, qui rassemble d’autres disciplines telles que la musique. C’est encore très vague, alors je ne peux pas vraiment en dire plus encore.
Je suis présente au showroom F141, à Belleville. Ils s’occupent de proposer les pièces pour des artistes, du coup, j’ai des parutions dans des clips ou sur des évents, ou pour des éditos. Sinon, bien évidemment, mon premier moyen de communication, c’est Instagram. Pour l’instant, comme je suis dans l’entre-deux entre une collection terminée et un projet qui démarre, je reposte surtout tout ce que peut me fournir le showroom en termes d’image.
Je pense que je vais reprendre certains codes du premier, comme l’upcycling, mais étant donné que je vais travailler avec d’autres personnes, il sera forcément différent. J’y compte bien d’ailleurs. Mon but est d’évoluer constamment. On y retrouvera toujours cet univers street, saturé et très graphique, mais j’aimerais bien y apporter quelques surprises.
On peut acheter mes pièces sur demande (et en précommande). En fait, je peux reproduire certaines pièces en particulier pour une personne, sur-mesure, et elle peut même choisir quelques détails. Il suffit de me contacter.
Pour la marque entière, c’est difficile. Je n’en suis qu’à la première collection. Mais une personne qui m’a énormément inspirée pour cette collection Marave, c’est @escalopeviandehache sur Instagram. Le personnage dont s’inspire toute la collection, c’est lui. J’ai essayé de reprendre les codes qui l’entourent : les maillots de foot, les vêtements de motocross, les pitbulls à tout-va, pour créer mes vêtements et l’univers de la collection. Bien sûr, j’y ai ajouté des références personnelles, mais je me suis beaucoup inspirée de ses photos sur instagram.
Je vais répondre sentimentalement, par l’endroit où je préfère aller pour trouver des pièces, et c’est sûrement les puces de Montreuil. D’abord, parce que c’est à côté de chez moi. Mais aussi parce qu’on y trouve de la fripe et surtout des tonnes de vêtements utilitaires, donc je suis complètement fan. Avant, il y avait même un mec qui revendait des Air Max vintage à tout petit prix. C’est un endroit où l’ambiance est vraiment cool, on y trouve de tout, j’ai toujours trouvé ce lieu hyper inspirant. Sans compter les spots qui gravitent autour, bruts et plein de graffs. Il y a même le périph qui passe juste à côté, je suis fan.
J’ai ce gros projet encore vague que j’aimerais présenter sous forme de vernissage/soirée. Je suis aussi en train de réfléchir à la façon de produire mes pièces pour pouvoir en diffuser davantage.
Si je parle d’avenir avec un grand A, mon idéal serait que 9303 rassemble un tas de monde, des spécialités différentes qui pourraient toutes collaborer entre elles, tous arts confondus.