"Aujourd’hui, l'être humain a plutôt tendance à favoriser l’immédiateté. Notre marque ne prône pas la consommation éphémère, nous utilisons des matières recyclées. Il n’y a pas de collection chez nous, il n’y a que des capsules au fil de l’eau."
Benoît : Je m’appelle Benoît Tardif, je suis co-fondateur de la marque Later. Parallèlement, je suis styliste photo et vidéo. J’habille des artistes, des mannequins, des personnalités diverses et variées. J’ai commencé très tôt en tant que vendeur de vêtements dans le luxe, j’ai notamment travaillé chez Prada, Hermès et Yves Saint Laurent à Paris.
Benjamin : Je suis Benjamin Hooge. Avant de lancer Later avec Benoît il y a 2 ans, j’ai travaillé dans plusieurs secteurs d’activité, sur des problématiques d’organisation d’entreprise, d’innovation et de gestion de projet. Mon rôle s’est majoritairement porté sur le fait de tirer le meilleur d’une équipe.
J’ai de nombreux centres d’interêt, mais la mode, c’est un peu toute ma vie. Je peux vous raconter une anecdote : lorsque j’étais enfant, j’allais souvent en colonie de vacances. Lors des « boums » à la fin du séjour, chaque garçon voulait être le plus beau pour aller danser. Déjà à cette époque, ils défilaient pour que je les habille… j’avais 10 ans. Aujourd’hui, j’habille mes amis pour leur mariage. C’est à la fois très personnel, mais c’est aussi un rapport très fort que j’ai avec les autres. J’en ai naturellement fait mon métier.
Nous souhaitons donner du sens au temps à travers notre projet. C’est pour cela que nous l’avons nommé « Later… », qui rappelle cette notion de temps. Nous devons penser au futur. Aujourd’hui, l’être humain a plutôt tendance à favoriser l’immédiateté. Notre marque ne prône pas la consommation éphémère, nous utilisons des matières recyclées, les vêtements d’hier sont consommés « later », plus tard. Finalement, nous tirons profit « du vieux pour produire des vêtements pour l’après« . Il n’y a pas de collection chez nous, il n’y a que des capsules au fil de l’eau.
Nous la qualifions plutôt à travers une expression : l’hédonisme raisonné. Nous ne voulons pas entrer dans la recherche du plaisir, pour la recherche du plaisir. Nous voulons mixer le plaisir avec la raison et c’est comme cela que nous pensons nos vêtements. Il faut redonner du sens à notre consommation, se reconnecter au vêtement et arrêter de consommer pour consommer. L’intemporalité est aussi un mot très important pour nous. Nos styles existaient déjà dans les années 80-90 et nous espérons qu’ils existeront toujours dans les décennies à venir.
Enfin, la transparence est pour nous une valeur primordiale.
Le modèle 01. Nous avons réussi à faire un drap de laine en matières 100% recyclées, chose que nous n’avions jamais vu auparavant.
La pièce se porte autant avec un sweat à capuche qu’avec une chemise très habillée, une paire de chaussures de ville ou des baskets. Ce modèle est sobre, très juste, avec de jolis détails. De plus, le drap est robuste, il tient chaud.
Nous voulons la décliner pour ensuite la développer avec des poches et en faire une veste.
La découpe au niveau de la poignée, en forme de U, qui permet notamment de retourner la manche très facilement. Comme nous avons ce souci d’éco-conception, ce détail permet d’enlever des coutures ainsi qu’une zone de fragilité.
L’autre signature, ce sont les trois petits points que l’on retrouve au niveau de la manche de nos sweats. Cela fait référence aux « … » du nom de notre marque « Later… ».
Enfin, nous avons un dernier détail que nous ne dévoilerons pas afin de garder quelques surprises pour nos clients.
Nous restons très cohérents avec notre manière de vivre. Nous ne sommes pas parfaits mais nous essayons d’agir de manière plus responsable. Aussi, je suis un grand digger de fripes et la plupart de nos inspirations viennent de ma penderie. L’idée est de faire des pièces qui me plaisent et qui vont plaire à Benjamin, mais aussi à ma nana car nous produisons des pièces unisexes.
Le rêve américain des années 90 nous a également beaucoup forgé en matière de style. Enfin, je dirais que la musique, et plus particulièrement le Hip-Hop, est une source d’inspiration importante.
Pas mal d’artistes m’inspirent, notamment lorsqu’ils montent sur scène. Cela passe d’Hendrix, à Kurt Cobain, Jay-Z ou même Yseult. En matière de style, il y a Bowie, les Rolling Stones… Mais ce sont plutôt les personnalités qui me plaisent.
Benjamin : Il y a des évidences et il y a tout le reste. L’évidence, c’est que Benoît s’occupe de la partie créative, l’image, le stylisme, et moi je me charge plutôt de la partie production, gestion d’entreprise, etc.
Il y a beaucoup d’éléments qui n’entrent pas dans ces cases, nous échangeons donc constamment. Parfois, nous avons besoin d’évoluer dans notre domaine d’expertise, mais nous avons aussi besoin d’avoir cette osmose et ce contact permanent. On peut être en désaccord sur certaines décisions, mais la clé est de toujours rester alignés sur nos valeurs et communiquer sans cesse.
Benoît : Nous communiquons énormément, toutes les décisions sont prises à deux. J’ai besoin de son opinion sur l’image, les shoots et qu’il soit là en termes de vision et d’esthétisme. Il a toujours son mot à dire et il est toujours très pertinent.
Eux-mêmes. Nous produisons des vêtements qui nous plaisent et nous voulons que les gens soient compris. Nous ne sommes pas là pour juger ce qui est beau, ne l’est pas, ou comment porter la pièce… Comme nous le disions plus tôt, le modèle 01 peut se porter avec un ensemble très habillé ou non. L’idée est de faire des pièces qui ne sont pas farfelues ou barrées, c’est à chacun d’y ajouter sa petite touche.
De plus, nous voulons qu’à travers l’achat, nos clients sentent qu’ils aient fait un acte engagé et qu’ils consomment différemment. Nos produits sont faits localement et de manière réfléchie d’un point de vue social et environnemental.
J’aime beaucoup ce que font AMI, Martin Rose, Acne Studios, Ralph Lauren ou encore Eric Bompard. J’aime également C&A, ce n’est pas un créateur, mais je m’y rends quand je veux un pantalon à pinces. J’ai aussi beaucoup de respect pour 1083, leur manière d’agir et ce qu’ils produisent.
Benjamin : Un restaurant qui ne fait que des produits locaux très travaillés, avec des cuisiniers qui prennent leur temps. Un lieu où l’on pourrait rester à table des heures.
Benoît : Je serais dans ce même restaurant avec Ben. Ça se terminerait tard, avec de bons DJs et beaucoup de monde. Il faudrait de la quantité, j’aime la quantité, et un peu de gras…
Sur notre site internet bylater.com, mais également dans notre magasin éphémère. Vous pouvez aussi venir à la maison à Rennes, sur RDV pour boire un café. Pour cela, il suffit de nous envoyer un message sur Instagram ou par e-mail à hello@bylater.com. Cela nous permet de rencontrer nos clients directement.
Je ne donnerais pas de conseils au niveau de la mode. Mais d’un point de vue humain, je dirais que le plus important, c’est la sincérité. Ne pas inventer une image, un discours. Il faut faire, faire, faire, faire, faire, et une fois que l’on a fait, on peut commencer à en parler autour de soi.