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Inès Pineau
INES PINEAU / FAUX DÉPART

"L'upcycling fait partie de mon processus créatif, cela m'impose des contraintes et m’apporte des idées nouvelles auxquelles je n'aurais pas pensé. J’aime beaucoup l’idée de donner une seconde vie à tous ces matériaux mis de côté, ça me passionne d’imaginer leur vie passée et future !"

Peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Inès Pineau, j’ai 22 ans. J’ai commencé par un bac pro métier de la mode et du vêtement, puis j’ai poursuivi sur une licence designer de mode à l’Atelier Chardon Savard de Nantes, que je termine tout juste ! J’ai lancé ma marque INES PINEAU en 2017. Puis, en 2019, en collaboration avec Timothé Marais, nous avons développé notre marque FAUX DÉPART.

Comment en es-tu arrivée à t’intéresser à la mode ?

C’est venu assez naturellement, j’ai toujours aimé les vêtements et le travail manuel.

Pourquoi avoir développé deux marques différentes ?

FAUX DÉPART s’est développée à la suite de la collection de fin d’études, à l’Atelier Chardon Savard. Avec Timothé Marais, nous avions l’habitude de nous entraider et notre implication dans le travail est identique, nous nous sommes donc lancés. Nous créons des pièces très élaborées dans le but de participer à des défilés et des concours, avec une thématique de collection très précise. C’est ce qui nous a permis de produire et de commercialiser notre collection en plus grande quantité.

INES PINEAU est une marque plus personnelle, je développe mon propre univers avec des pièces uniques, des bijoux et d’autres accessoires. Elle me permet aussi de travailler avec des professionnels et des particuliers.

Ainsi, ce qui les différencie réellement, ce sont le style et la coupe des vêtements, plus expérimentale chez FAUX DÉPART. Les deux marques sont faites main à partir de matières premières « upcycling » à Paris

INES PINEAU et FAUX DÉPART... Pourquoi ces noms ?

Concernant INES PINEAU, j’ai cherché pendant longtemps un mot qui pourrait correspondre à mon univers, ma personnalité et mon travail. Finalement, j’en ai conclu que mon nom et mon prénom étaient dans la logique des choses qui me correspondaient le plus ! Pour FAUX DÉPART, la formation du collectif a été assez laborieuse, nous avons eu quelques « faux départs » avant de véritablement nous lancer. On s’est alors dit que ce serait un bon nom pour notre marque.

Quelle est votre cible avec FAUX DÉPART ?

Des personnes extravagantes, avant-gardistes, qui sortent de l’ordinaire, créatives dans leur manière de s’habiller.

Comment veux-tu que les gens se sentent en portant tes vêtements ?

Je veux qu’ils rayonnent, qu’ils se sentent bien, à l’aise et beaux ! Qu’ils soient fiers de consommer local et de soutenir les jeunes marques engagées !

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Shooting réalisé par Inès Pineau pour sa marque éponyme
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FAUX DÉPART : Présentation de la collection "Fake me"

D’où viennent tes inspirations pour tes créations ?

Mes inspirations se font par étape. Tout d’abord, je commence par chiner aléatoirement dans les associations de seconde main pour constituer un stock solide. Ensuite, je sélectionne et trie tous ces « trésors » pour faire naître des idées, je les réunis sur un moodboard puis je fais mon choix. A partir de là, je mets en place une nature morte que je réalise moi-même, avec des idées bien précises que je veux apporter à ma collection. Il m’arrive aussi de réaliser des modèles sur des coups de cœur, intuitivement ou à partir d’artistes en tous genres.

Pour FAUX DÉPART, le processus est le même, mais nous opérons dans un ordre différent. Nous commençons par élaborer un plan de collection avec deux thèmes que l’on souhaite rassembler. Par exemple, pour notre dernière collection, nous avions combiné la « chirurgie esthétique » avec les  « stars des années 2000 ». Une importante recherche iconographique est faite afin de trouver des détails “couture” qui servent à créer de nouvelles coupes de vêtements. Ensuite, vient la recherche de tissu, on pioche souvent des rouleaux d’invendus. C’est un bon compromis entre grands métrages et conscience écologique.

Deux manières totalement différentes de concevoir. As-tu une préférence pour l'une d'entre elles ?

Je n’ai pas de préférence, les deux sont intéressantes. Justement, j’aime travailler de deux façons différentes, les idées qui en ressortent sont variées. Pour FAUX DÉPART, on part sur un thème, et à partir de ce thème, on s’inspire et on crée des vêtements. Pour INES PINEAU, ce sont les matières qui m’apportent l’inspiration.

Avez-vous déjà été bloqués car vous n’arriviez pas à trouver les matières upcycling ?

Je ne dirais pas bloqués car chacun trouve les matières dont il a besoin, mais c’est plutôt la complexité des matières qui ne facilite pas la tâche. On est souvent partis sur des matières très complexes à travailler car on aime l’expérimentation.

As-tu une pièce favorite dans tes collections ?

Pour FAUX DÉPART, la collection a été présentée lors d’un défilé et je pense que les pièces rembourrées ont été remarquées, notamment le « crop top » de couleur beige qui laisse entrevoir la ouatine en transparence. Elle correspond totalement à notre thème de « chirurgie esthétique ».

Pour INÈS PINEAU, je suis encore en développement de la nouvelle collection de vêtements. Je dirais donc que dans la collection accessoires, le ras de cou en acier chirurgical est mon coup de cœur. Il est composé d’une perle naturelle et d’un fermoir en crochet de soutien-gorge. Je ne l’enlève jamais, sans oublier son étiquette cousue main, qui je trouve, ajoute un plus à la pièce. C’est aussi l’article le plus vendu et le plus apprécié de mes clients.

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FAUX DÉPART : Le crop top rembourré
Ines Pineau bijoux colliers
INÈS PINEAU : Le ras de cou, fabriqué à Paris. Une perle naturelle, un fermoir upcycling

Comment as-tu adopté l’upcycling dans la manière de concevoir tes pièces ?

L’upcycling fait partie de mon processus créatif, cela m’impose des contraintes et m’apporte des idées nouvelles auxquelles je n’aurais pas pensé. J’aime beaucoup l’idée de donner une seconde vie à tous ces matériaux mis de côté, ça me passionne d’imaginer leur vie passée et future !

Pour FAUX DÉPART, les collections sont totalement différentes. Quel est ton processus de création ?

Le travail en duo nous amène à partager nos cerveaux, donc mélanger deux univers. Nous ne partons pas sur le même processus créatif, cela permet de différencier les deux marques. FAUX DÉPART est plus récente, le groupe a un peu évolué et notre style s’est affiné. Notre première collection « chien de la casse » projetait les Punks des années 80 dans une réalité plus actuelle. C’était une manière de lancer le projet, dans un laps de temps très court, avec notamment un travail important de coupe et de matière.

La dernière collection «Fake Me» a plus facilement trouvé son public. Cependant, nous allons continuer à travailler sur des thèmes différents, tout en gardant en tête le retour des personnes qui nous suivent.

Une égérie pour représenter ta marque ?

Je dirais quelqu’un de mystique, qui dégage à la fois de la douceur, de la poésie, contrastées par un côté mystérieux et rebelle. Cette personne se sentira battante et libre en portant ce que je fais.

Peut-on d’ores et déjà acheter tes pièces ? 

Une partie des modèles dédiés à la vente sont disponibles sur mon E-shop. Certaines pièces uniques du défilé FAUX DÉPART sont sur le depop d’un artiste londonien nommé Spooky.kid.

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Y’a-t-il un aspect de la mode que tu n’apprécies pas ?

Étonnement, la mode est un univers que j’idolâtre et que je déteste en même temps. Mon avis est assez partagé entre la passion et la réalité. Passionnée depuis toute petite de cet univers de création, j’ai du mal à trouver la crédibilité de la mode dans le monde. Ça ne sauve pas de vies, alors pourquoi on y accorde une importance démesurée, qui en devient malsaine ? Entre l’impact écologique et humanitaire, on ne sait pas par où commencer… 

La création mode est-elle un art ?

Bien sûr, elle te permet de changer d’apparence autant de fois que tu le souhaites. Elle fait ressentir des choses, aussi bien visuellement qu’intérieurement. D’ailleurs, la mode est trop souvent oubliée du monde artistique.

Des conseils à donner aux jeunes créateurs qui souhaitent lancer leur marque ?

Étant une jeune créatrice, je ne sais pas si je suis de bon conseil, mais je dirais de ne jamais lâcher, ne pas hésiter à recommencer plusieurs fois s’il le faut.

Être passionné par ce que l’on fait, c’est le plus important !